Je suis maintenant collaboratrice au magasin en ligne "Émotions in vitro". Ça me fait très plaisir de parler de mon parcours, de partager les émotions qui nous accompagnent dans l'incertitude et faire rire aussi, un peu.
Voici donc, à titre d'introduction, l'article que j'ai publié la semaine dernière. Je devrais normalement en publier un autre demain, après mon rendez-vous avec le médecin. Je ne les copierai pas tout le temps ici, ce n'est pas le but, mais celui-ci me semble approprié au ton de ce blog. Bonne lecture!
"Quand j’ai rencontré l’homme qui allait devenir mon mari, j’avais tout juste 20 ans. J’étais aux études, je travaillais à temps partiel. Sans vouloir tomber dans le quétaine, je dois vous dire que ça a vraiment été un coup de foudre. Autant pour moi que pour lui ; on s’est plu tout de suite. Le problème, c’est que ça dérangeait, qu’on s’aime. Parce que voyez-vous, Monsieur a quelques 20 années de plus que moi. J’ai perdu des amis parce que je refusais de le laisser tomber, j’ai du faire face à beaucoup de disputes, on m’a traité d’inconsciente, de profiteuse, on m’a reproché de ne pas écouter mes parents, qui s’opposaient vivement à cette relation. (À l’époque! Tout va bien, maintenant ahah).
Aujourd’hui, après presque 6 ans de vie de couple, 3 ans de mariage et un peu moins de 5 ans d’essais bébé, on est encore la cible de critiques, l’objet de jugements.
Que mon père m’ait déjà fait remarquer que j’ai moins d’écart d’âge avec l’ado de mon chum que mon chum lui-même, que voulez-vous que je dise ; c’est la vérité. Mais quand les gens remettent en question nos motivations pour être parents, ça m’agresse. On nous a souvent demandé, au fil des ans, pourquoi nous voulions devenir parents. Comme si nous avions besoin d’une approbation, d’une permission. Comme si notre différence d’âge discréditait une motivation sincère. J’ignorais que passé un certain âge, c’était immoral de vouloir des enfants. Allez dire ça à René Angélil et Céline Dion. Ou Johnny Hallyday et sa femme Laetitia.
En commençant les essais bébé à 21 ans, je croyais que les objections majeures seraient au niveau de mes études, qui n’étaient pas terminées, du fait que je travaillais à temps partiel ou encore que mon couple n’avait pas un an. J’ai plutôt entendu des commentaires désobligeant sur la vitesse à laquelle il voulait se débarrasser de cette “corvée”, ou pire, la vitesse à laquelle je voulais m’assurer d’une pension en cas de séparation.
Peu de gens connaissent notre histoire en détails. Parce que justement, c’est notre histoire. Mais laissez-moi vous expliquer un peu.
Mai 2009, notre premier week-end d’amoureux. On flâne devant le Château Frontenac, dans le vieux Québec. Il tient ma main. Les autres touristes nous dévisagent, mais on ne les voit pas. En retournant à la voiture, il ne me demande pas si je veux des enfants, il me dit avec conviction que lui en veut. Je suis agréablement surprise, parce que c’était évidemment une de mes craintes, de devoir choisir entre mon désir d’être mère et une relation avec cet homme. Dès le début, il me semblait donc possible d’avoir les deux. Hourra.
Déjà, dans la liste des commentaires désobligeants entendus à notre égard, on pouvait biffer “Tu-lui-fais-un-bébé-même-si-tu-n’en-veux-pas-juste-parce-qu’elle-en-veut-un-et-tu-auras-la-paix-après”. C’est lui qui a du attendre que je sois prête, que je lui donne le OK. Pas le contraire.
Des méchancetés, on en a entendues de toutes les sortes. Une fois, quelqu’un a même laissé sous-entendre qu’il n’avait pas réellement subi l’inversion de sa vasectomie, qu’il m’avait dit ça pour me faire taire. Je vous confirme qu’il a bien subi l’opération, j’étais avec lui à l’hôpital. Et de toute façon, après 5 ans en procréation assistée, je crois qu’un médecin nous l’aurait signalé, s’il tirait à blanc.
Après 7 inséminations et 3 fécondations in vitro, nos proches savent bien qu’on veut un bébé “pour de vrai”. Mais à chaque fois qu’une nouvelle personne entre dans nos vies, c’est immanquable. Ça semble un projet fou, impossible à comprendre. Personne ne comprend pourquoi on continue d’espérer. Pourquoi on “s’obstine”.
À partir de quand un désir devient-il “passé date”?
Maintenant, ça me fait rire de voir que la différence effraie, que ça ouvre la porte au jugement. En quoi mon désir d’enfant serait-il moins réel que celui d’une autre, simplement parce que mon mari est plus vieux que moi? En quoi nos efforts seraient-ils “ridicules” ou “inutiles”, juste parce que 20 ans nous séparent?
Certaines personnes nous ont déjà avouées de pas avoir cru en notre amour jusqu’à ce qu’ils reçoivent une invitation pour notre mariage. C’est triste et drôle à la fois. J’ai dépensé tellement d’énergie, depuis 6 ans, à essayer de “légitimer” ma relation, de faire comprendre aux gens autour de moi que c’était naturel, sincère et sain.
Vous avez le droit de croire ce que vous voulez à propos de nous.
Mais au fond… C’est pas de vos affaires."
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